Ils fabriquent des meubles en bois pour relever la tête
Les salariés du chantier d’insertion apprennent à fabriquer mobilier et objets de toute sorte à l’aide de bois de palette.
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Christian, ancien salarié dans le secteur du bâtiment, compte sur cette expérience pour retrouver du travail.
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Le chantier d’insertion “ Atelier mode d’emploi ” permet depuis treize ans à des personnes éloignées du marché du travail de renouer avec une activité.
Il faut tendre l’oreille pour en avoir le cœur net. Dans cet atelier qui longe la rue du Colombier, au Tallud, seul le bruit des outils permet de se douter de ce qui se trame à l’intérieur. Ce jour-là, Sandra, Nazir et Christian sont occupés à travailler des morceaux de bois, perceuse ou ponceuse à la main. Leur tâche de la journée : construire une étagère, une jardinière ou des chaises. Autour d’eux, une table de pique-nique, un banc, un garde-manger, un poulailler, tous fabriqués à partir du bois de palette stocké juste à côté et fourni par des artisans du coin.
Ces trois salariés travaillent pour l’Atelier mode d’emploi, géré par le centre intercommunal d’action sociale (CIAS) de Parthenay-Gâtine (1). Il s’adresse « à des personnes éloignées de l’emploi, qui rencontrent des difficultés sociales et professionnelles », résume Hervé-Loïc Boucher, vice-président de la communauté de communes Parthenay-Gâtine (CCPG) en charge du CIAS : « Nous les accompagnons pour construire un parcours professionnel ».
Seize salariés à temps partielCet atelier, qui a changé d’emplacement et de nom depuis sa création en 2005, emploie actuellement 16 salariés, en CDII (contrat à durée indéterminée d’insertion) de 24 heures hebdomadaires et d’une durée maximale de 24 mois.
L’Atelier mode d’emploi, « qui n’est pas une garderie ou un centre de loisirs », dixit Hervé-Loïc Boucher, est là pour donner aux salariés « des outils pour s’intégrer dans le monde du travail », précise Lise-Marie Tréhorel, coordinatrice du chantier d’insertion. Les personnes qui y travaillent bénéficient ainsi de séances avec une accompagnatrice socioprofessionnelle – qui les aide notamment à faire un CV, un bilan de compétences ou étudier le marché de l’emploi –, peuvent bénéficier de périodes d’immersion dans une entreprise ou suivent des modules sur des thèmes, comme la santé, le bien-être ou la formation aux premiers secours.
“ Ils prennent confiance en eux ”Yannick Lucquiaud, encadrant technique du chantier, rappelle que le lieu leur permet avant tout de retrouver un cadre : « Ils réapprennent à embaucher à l’heure, à respecter un règlement intérieur et des consignes de sécurité ». Et dans le même temps, « ils découvrent des choses qu’ils ne savent pas faire et prennent confiance en eux. Leur travail est valorisé car ce qu’ils font est vendu ». Particuliers, professionnels et collectivités peuvent ainsi se procurer leurs créations, faites essentiellement sur-mesure, tandis que l’Atelier mode d’emploi intervient pour d’autres services de la CCPG ou le Festival ludique international (Flip).
Considéré comme un tremplin vers l’emploi, ce chantier d’insertion a ainsi permis à Christian, qui a quitté le domaine du bâtiment en raison de soucis de santé, « de sortir de chez moi et de voir du monde ». « Ça me fait un bien fou !, estime Sandra, au chantier d’insertion depuis 7 mois. Il m’aide à créer des liens avec des gens, et reprendre goût à plein de choses, avant d’essayer de trouver un travail par la suite. »
« Atelier mode d’emploi », 24, rue du Colombier, au Tallud. Renseignements au 09.60.37.83.90 ou au 06.33.48.91.23 ; chantier-insertion@cc-parthenay-gatine.fr ; www.ateliermodedemploi.fr (1) Le CIAS participe aussi au financement de deux autres chantiers d’insertion : « Parenthèse au jardin », porté par le centre socioculturel du Pays ménigoutais, à Vasles, « Les jardins du cœur », de Familles rurales à Secondigny.
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40 % de “ sorties positives ”
Une fois le passage au chantier d’insertion terminé des anciens salarié, « c’est le plan local pour l’insertion et l’emploi (Plie) qui prend le relais avec un suivi de 6 mois », explique Lise-Marie Tréhorel, coordinatrice du chantier d’insertion. En 2017, sur 26 personnes passées par le chantier d’insertion « Atelier mode d’emploi », 40 % ont connu une « sortie positive ». Ce qui signifie qu’elles ont décroché un CDD, un CDI, de l’intérim, une formation qualifiante ou sont parties à la retraite. « Nous avons une obligation de résultat vis-à-vis de l’État, confirme Hervé-Loïc Boucher, vice-président de Parthenay-Gâtine, en charge du CCAS. Nous devons donc avoir des sorties positives mais il ne faut pas prendre uniquement des personnes proches du marché de l’emploi. Il faut que l’on soit là pour aider ceux qui en sont les plus éloignés. »